Amandine a fait le pari fou de partir voyager avec son chien pendant 15 mois à vélo. Elle a parcouru entre autres, l’Europe, la Russie et la Turquie et elle a bien voulu me raconter cette aventure afin de montrer que les chiens sont peut-être bien les meilleurs compagnons de voyage dont vous puissiez rêver 🙂
Voyager avec son chien
Hello Amandine, est-ce que tu pourrais te présenter et nous présenter ton fidèle compagnon ?
Salut, je m’appelle Amandine j’ai 30 ans et quelques années (passé cet âge-là on ne compte plus non?), et je suis originaire de la région de Grenoble. Dans la vie, je suis accompagnée et assistée de mon fidèle Jah-li, un croisé border-collier/ labrador de 12 ans bientôt, dont 11 de vie commune avec moi.
Est-ce que tu peux nous en dire plus sur le voyage que tu as fait avec lui ?
Ensemble, nous avons décidé de partir à l’aventure et d’expérimenter un nouveau type de voyage : le voyage à vélo.
Nous avons pris la route en Mars 2016 vers le Nord par la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Danemark, pour retrouver une amie à Oslo, avec qui nous avons traversé la Norvège en train, jusqu’aux fameuses îles Lofoten. Ensuite, nous avons retrouvé notre vie à deux et surtout à vélo. Toujours plus ou moins le long du cercle polaire, on a traversé la Laponie suédoise, la Finlande, puis nous avons poursuivi notre lancée vers l’Est et nous sommes arrivés en Russie par la région de la Carélie, très sauvage et magnifique. C’était l’été et, sous ces latitudes, nous n’avons pas connu de véritables nuits noires durant presque 3 mois.
Trois mois, c’est d’ailleurs exactement le temps qu’il nous a fallu pour traverser une infime partie de cet immense et fascinant pays qu’est la Russie.
Puis l’automne est arrivé très vite, les températures ont chuté et il a fallu songer à viser le Sud. Direction le Kazakhstan. Arrivée rocambolesque à la frontière, à moins de 4h de l’expiration de mon visa russe.
Après ça, quelques semaines dans la steppe du Kazakhstan, et nous voilà coincés par manque de temps. Avec un vent terrible et glacial, des conditions déjà bien difficiles à la mi-octobre, et un terrain hostile, on a pris du retard pour se faire enregistrer aux autorités du pays dans les temps. On me confisque mon passeport et je me lance dans les joies administratives pour le récupérer. Finalement sur le petit de mois de visa obtenu à la base, il ne nous reste déjà plus qu’une semaine avant de devoir quitter le Kazakhstan, et il est déjà trop tard pour se lancer dans de nouvelles démarches pour les visas des pays voisins….Cap sur l’Azerbaïdjan donc seul pays alentours qui fonctionne avec un système de E.visa, autrement dit avec possibilité d’obtenir un visa par mail (donc en quelques jours seulement).
Rien de tout ça, ni même la quasi-totalité de l’itinéraire de ce voyage, n’était prémédité. Les événements se sont articulés tout seuls, naturellement.
Bref, après quoi il a fallu s’attaquer à un gros morceau, la Turquie. 2 mois à traverser cet immense pays, d’est en ouest cette fois-ci. La plus grosse partie de l’hiver était déjà derrière nous quand on a atteint la Bulgarie, un retour en Europe donc, après un peu plus de 7 mois…
L’objectif à atteindre était Tallinn, capitale de l’Estonie, pour retrouver une partie de la famille venue nous rejoindre pour quelques jours. Pas le temps de traîner, le rendez-vous était fixé depuis le mois de février pour le 27 mai. Dernière ligne droite donc le long de la mer Baltique à travers la Lituanie et la Lettonie, et nous sommes arrivés à bon port le jour J. De belles retrouvailles après plus d’un an sur les routes. Ensemble, nous avons pris le ferry qui relie Tallinn à Helsinki, capitale de la Finlande.
Un retour aux sources donc pour moi et Jah-li, qui avions quitté ce beau pays un an plus tôt. La boucle était bouclée.
Rien de tout ça, ni même la quasi-totalité de l’itinéraire de ce voyage, n’était prémédité. Les évènements se sont articulés tout seuls, naturellement. Il était temps de laisser le vélo, et de songer à rentrer. Nos 15 mois de périple se sont donc achevés il y a un mois à peine aujourd’hui.
Pourquoi as-tu décidé de partir avec ton chien ?
La question de partir avec mon chien ne s’est même pas posée, il est avec moi 24h/24h. On est une équipe. Si je pars, c’est avec lui, ou bien je ne pars pas. C’était dans notre contrat au départ, s’il devait lui arriver quelque chose pendant le voyage, on rentrait immédiatement.
Comment se passent les préparatifs administratifs ?
Côté administratif pour Jah-li, il n’y a rien eu de plus à préparer que pour les autres voyages, simplement son passeport européen et vaccinations à jour, les mêmes qui sont obligatoires également en France.
Ensuite au lieu de visas pour son chien, ce sont des certificats qu’il faut récupérer à chaque frontière comme une chasse au trésor. Il s’agit de documents officiels délivrés à chaque frontière par les autorités compétentes, à savoir l’équivalent de notre DDPP français (direction départementale de protection des populations). Le tout étant de chercher avant chaque nouveau pays (hors Europe) un vétérinaire habilité (gouvernemental), qui attestera de la bonne santé de l’animal et de ses vaccinations à jour. On est alors redirigé vers le service gouvernemental de la région, qui valide cette visite vétérinaire et nous offre (ou pas) le certificat tant attendu.
Ensuite au lieu de visas pour son chien, ce sont des certificats qu’il faut récupérer à chaque frontière comme une chasse au trésor
Quel équipement faut-il prévoir ?
Pas d’équipement particulier au départ, si ce n’est sa laisse que je n’ai utilisée qu’une fois ou deux. Pour ce qui est de la nourriture, impossible de transporter bien plus de 5 ou 6 kg de croquettes à la fois, donc c’était au fur et à mesure. À côté de ça, je lui avais bien entendu confectionné une petite trousse de secours avec quelques vermifuges, antiparasitaires, et autres petits comprimés au cas où. Rien de bien irremplaçable en cours de route d’ailleurs. Il a eu quelques ennuis de santé de temps en temps, mais on a toujours trouvé de très bons vétérinaires qui ont su l’aider.
Est-ce qu’un grand voyage, ce n’est pas trop de stress pour un chien ?
Un grand voyage avec son « maître » (même si je n’aime pas trop le mot), c’est juste le rêve absolu pour chaque chien. Le mien me l’a fait comprendre plus d’une fois.
Il y a des jours où on est obligés de longer de grosses routes pas très drôles et bourrées de gros camions. Moi je trouvais ça parfois lassant et monotone. Lui, il se mettait à courir à côté de moi, à se dandiner, il se roulait gaiement dans l’herbe et jouait avec des bâtons. Être 24H/24H ensemble, dans des endroits chaque jour différents, aux nouvelles odeurs, avec de nouveaux animaux à découvrir (le caribou a remporté un franc succès), voilà ce dont a besoin un chien… et un humain aussi ceci dit. Une vie d’aventure et de nouveaux horizons chaque jour, ça n’a rien de stressant c’était plutôt épanouissant, et pour nous deux.
Faut-il préparer son chien avant le départ ? Si oui, comment ?
En tant qu’éducatrice canine et comportementaliste, je conseillerais vivement à ceux et celles qui veulent partir avec leur chien, de s’assurer justement qu’il est bien éduqué avant de se lancer dans un long voyage. Il doit pouvoir répondre parfaitement quand on l’appelle par exemple, pour ne pas risquer de se perdre dans un pays étranger. Mais c’est aussi un gage d’un voyage plus agréable, plus en confiance avec un chien qu’on connait bien et qui saura aussi se faire accepter partout. Ce qui ne sera pas le cas si votre chien est ingérable et vous fait honte constamment
On peut aussi faire quelques petits essais sur quelques jours pour habituer petit à petit le chien. Mais il devrait vite y trouver son compte si c’est pour vous suivre et se retrouver en pleine nature chaque soir.
Comment se passent les contrôles à la douane ?
Pas de contrôle particulier en douane, si ce n’est donc la vérification de ce fameux certificat sanitaire, en général à peine survolé du regard.
Il n’y a eu qu’en Russie où ça a été un peu plus compliqué, avec examination officielle par un vétérinaire douanier et formulaire de biens mobiliers à remplir. Pour la petite histoire, j’ai donc dû estimer la valeur marchande hypothétique de mon chien, sur le coup je lui ai attribué une valeur ridicule de 100 euros. Je ferai mieux la prochaine fois.
Peut-on aller partout avec son chien ?
En théorie on peut aller partout avec son chien, il faut juste savoir qu’il y a certains pays où ça peut s’avérer plus compliqué que d’autres, avec parfois des quarantaines exigées ou des conditions d’entrées particulières. Pour les chiens dits de catégorie par exemple, il faut bien se renseigner avant de partir. Chaque pays peut y aller de sa petite exigence, il faut donc voir au cas par cas.
Est-ce qu’il est facile de trouver des hébergements et restaurants qui acceptent les chiens ?
Encore une fois on peut accéder à presque tous les établissements avec son chien, pour peu que celui-ci sache se tenir en société et sache faire craquer n’importe qui au premier regard… c’est le cas du mien. Il n’a pas été bien dur de convaincre les plus récalcitrants de l’accepter.
Et c’est une autre excellente raison de partir avec un chien bien élevé, car grâce à lui et au bon souvenir qu’il laissera derrière lui, d’autres chiens pourront ensuite être plus facilement tolérés dans tous ces endroits où il aura été précurseur.
Est-ce que tu pourrais donner une estimation du budget que représente le fait de voyager avec son chien ?
Niveau budget, tout dépend des pays bien entendu. Des pays comme la Finlande ou la Norvège par exemple, sont tout simplement hors de prix et les croquettes reviennent affreusement chères (comptez jusqu’à 60 euros les 5Kg). Mais en Russie et en règle générale dans les pays de l’ex-URSS, c’est quasi donné et il nous est arrivé de nous faire offrir des paquets de croquettes par certains vétérinaires. Bref, rien d’extraordinaire dans l’ensemble, et surtout par rapport au coût de la vie en France, qui n’est quand même pas donné non plus.
Côté frais vétérinaires, pour ce qui est des vaccinations ce sont les mêmes qu’en France donc pas de frais supplémentaires, les certificats sanitaires étaient pour la plupart gratuits (ou une dizaine d’euros max.), et puis il y a les soins quand il tombe malade bien sûr. Là ça devient dur à prévoir et à estimer avant départ. Mais à priori, votre chien n’a pas de raison de tomber plus souvent malade en voyage qu’à la maison. Et pour vous donner un exemple, un soin en urgence pour une conjonctivite traitée en Russie, m’a coûté l’équivalent de 2 euros, médicaments compris, ainsi qu’une invitation à être hébergée chez la vétérinaire.
Qu’est-ce qui fait que ce voyage avec ton chien a été l’un des plus beaux de ta vie ?
Beaucoup m’ont demandé si ce n’était pas trop dur de voyager toute seule. En réalité je ne sais pas ce que c’est que d’être seule, puisque je ne le suis jamais.
Un chien est le meilleur compagnon de route qu’on puisse espérer. Toujours de bonne humeur, toujours d’accord avec vous, toujours partant pour un nouveau départ, et puis c’est une super présence, apaisante et réconfortante. On était déjà très proches tous les deux, mais après une expérience comme celle-là, notre relation est devenue fusionnelle. Il a su jouer son rôle de gardien aussi quand ça s’imposait, même si c’était souvent malgré lui. Et puis avoir un chien en voyage, c’est filtrer un peu les rencontres que l’on va faire. On attire à soi les amoureux des animaux, ça facilite indéniablement le contact.
Quel est ton meilleur souvenir pendant ce voyage ?
D’un voyage comme celui-là on ne peut garder que de bons souvenirs. Chaque chose, même les obstacles, nous a menés aux bons endroits et aux bonnes personnes, donc tout est bon à prendre.
Après, s’il devait y avoir un seul meilleur souvenir, c’est difficile de choisir… il y a eu les rencontres magnifiques, les passages de frontières épiques, les paysages fantastiques… Allez, disons la super soirée qu’on a passée, hébergés à la caserne des douaniers de Finlande, juste avant notre passage en Russie. C’est là que j’ai trinqué à ma toute première vodka du voyage, pas du côté de la frontière auquel je m’attendais. Le lendemain, toute la caserne était venue nous accompagner au poste-frontière pour nous encourager.
As-tu un conseil pour ceux qui voudraient partir avec leur chien ?
Bien je pense avoir déjà expliqué l’importance d’une bonne connaissance et éducation de son chien avant un départ en voyage de ce type. Il est important aussi de consulter les conditions exigées par pays, sur internet, et puis se renseigner auprès de son vétérinaire pour constituer une trousse de premiers soins et demander une examination de l’état de santé général pour partir serein et rassuré.
Un dernier mot ?
Oui, un dernier mot, car il en faut bien un !
Il m’a paru important de partager ce récit pour une raison simple, montrer que voyager autrement est possible, et avec son chien également. Ou votre chat, votre enfant, votre conjoint, tout seul… Bref, la seule vraie contrainte est celle que l’on s’impose soi-même. Si j’ai pu le faire, n’étant pas d’une nature ultra-sportive, c’est que n’importe qui peut le faire. Le tout étant d’en avoir envie.
Il n’y a pas à choisir entre avoir un chien et vouloir voyager.
Les deux se combinent à merveille.
Merci à Amandine pour ce témoignage. Si vous partez voyager avec votre chien et que vous vous posez des questions, laissez les en commentaire 🙂