Après les interviews comme « Vivre en Nouvelle-Zélande » ou « être au pair en Australie« , je vous propose de partir avec Mathilde en Thaïlande ! Un pays qui fait rêver de très nombreux Français. Let’s go 🙂
Vivre en Thaïlande
Bonjour Mathilde, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je viens de Belgique, j’ai 24 ans. J’ai toujours aimé voyager, et je suis fascinée par l’Asie depuis que je suis ado. Mon premier voyage seule c’était en Chine à 18 ans, pour 2 mois. Le 1er vol en avion en solitaire a été dur… Pendant quelques heures, seule à l’aéroport, j’ai pensé à faire demi-tour… Cela me semblait soudainement complètement fou comme projet. Six ans plus tard, je suis partie aussi au Vietnam, au Cambodge, au Laos et ai vécu 4 ans en Thaïlande. Sinon, j’ai choisi de faire des études de psychologie mais à distance, avec l’université Paris 8.
J’en suis à ma 3ème année, ce n’est pas facile car cela demande beaucoup d’auto-discipline et de motivation, mais j’ai eu la chance grâce à ça de vivre à l’étranger, alors je ne le regrette pas ! Après 4 ans en Thaïlande, je suis en plein déménagement vers la Belgique. J’espère commencer mon Master à Bruxelles en septembre.
Pourquoi es-tu partie vivre en Thaïlande ?
Le coup de foudre ! Pour le pays, pour les gens, et puis plus tard pour mon amoureux qui est thaïlandais, originaire d’une petite ville à la frontière du Cambodge. Au début j’y suis allée 3 mois avec une amie. Ensuite j’ai passé une année en Belgique, où rien n’allait plus… Les études d’institutrice primaire ne me plaisaient pas, je ne me sentais pas à ma place.
Je suis alors retournée en Thaïlande pendant l’été, et quand je suis revenue j’ai « tout plaqué » et suis partie un an en Thaïlande sans aucun projet… Mais j’avais quand même rencontré des gens là-bas, j’avais donc des amis sur place. Ma famille était sous le choc, et avec le recul je les comprends mieux. J’avais tout juste 20 ans, aucune expérience de travail, aucun diplôme. J’ai trouvé rapidement un job dans une école internationale, en tant qu’assistante de français et maternelle. J’avais la nourriture et le logement + 300 euros par mois, assez pour visiter le pays pendant le weekend. C’est cette année là que j’ai rencontré mon compagnon, avec qui je suis toujours.
Peux-tu nous présenter les endroits où tu as vécu ?
Les premiers mois en Thaïlande j’ai vécu à Singburi, petite ville tranquille au-dessus de Bangkok. Ensuite, j’ai travaillé à Pattaya plusieurs mois, dans une école internationale, et puis à Bangkok en tant que prof d’anglais et de français, dans des écoles assez pauvres. J’avais des classes de 30 à 54 élèves… Ce n’était pas tous les jours facile. J’étais dans un quartier un peu en dehors du centre, avec surtout des Thaïlandais. Bangkok est une ville fascinante, le genre de ville qui ne dort jamais.
Cependant, l’endroit où j’ai vécu principalement, c’est l’île de Koh Samet, à 3h30 de Bangkok. C’est une petite île où beaucoup de Thaïlandais aiment aller le weekend pour se détendre et faire la fête. Il n’y a qu’une rue principale ! Mais les expats qui y vivent sont géniaux, tout le monde se connaît… parmi les Thaï aussi, je me suis fais des amis.
Je prenais les bateaux en bois pour aller sur le continent faire mes courses. Il y avait un marché tous les lundis et jeudis. On y trouvait de tout, des sous-vêtements jusqu’aux calamars grillés. Quand j’achetais du poisson, je choisissais lequel puis le vendeur le tuait en l’assommant devant moi. Au début, j’ai dû m’y habituer. Nous sommes aussi allés voir plusieurs fois la famille de mon copain, à Surin, dans une petite ferme… La cuisine est dehors, les poules courent partout… On passe la journée à la ferme avec les voisins, où alors chez les voisins dans leur ferme. A boire de l’alcool de riz assis sur une natte de bambou au milieu des rizières.
As-tu vécu un choc culturel important ?
Pas vraiment, je me suis très vite sentie chez moi. Il y a des différences, mais je ne m’en suis rendue compte qu’avec le temps… Au début, j’étais tellement épanouie, tout me rendait heureuse. Je découvrais chaque jour de nouvelles choses. Puis les mois passant, j’ai commencé à voir les choses qui n’allaient pas dans le pays. La corruption, les chiens qui crèvent de faim et de maladie au pas de ma porte, l’éducation, etc. Il y a du bon et du mauvais dans chaque pays. Pour le reste, oui il faut s’habituer à certaines coutumes locales : ne pas mettre de chaussures à l’intérieur, ne pas toucher la tête des gens, respecter le roi et la religion…
C’est avec mon conjoint que le choc des cultures se ressent le plus ! Parfois nos disputes sont plus le résultat d’incompréhensions culturelles. Il faut s’aimer assez fort pour passer au dessus des différences, s’asseoir et discuter, une fois qu’on est calmé… Mais une relation avec quelqu’un qui n’est pas de notre culture, c’est aussi tellement enrichissant.
Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans ta nouvelle vie ?
D’abord la chaleur, les couchers de soleil et l’eau turquoise bien sûr. Ensuite la nourriture thaïlandaise, qui est vraiment excellente : riz sauté, nouilles mais aussi poisson frit accompagné d’une salade de mangue etc. ! La nourriture européenne me manquait rarement, et quand elle me manquait je cuisinais des pâtes ou des pommes de terre, qu’on trouve assez facilement.
Mais ce qui me plait vraiment le plus en Thaïlande, ce sont les gens. Toujours souriants, à vouloir faire la fête… Je me suis toujours sentie très bien accueillie et en sécurité, et ai toujours obtenu de l’aide quand j’en avais besoin.
A l’inverse, qu’est-ce que tu n’as pas trop apprécié ?
Tous les Européens retraités qui s’installent en Thaïlande avec une jeune Thaï, boivent toute la journée et médisent sur le pays. Aussi, la façon dont les animaux sont traités… J’ai fait beaucoup de volontariat dans des refuges pour chiens en Thaïlande, encore maintenant j’envoie un peu d’argent pour nourrir quelques chiens de rue, j’en ai fait stériliser/castrer aussi… J’ai adopté 2 chiots. Ils ont déjà plus de deux ans maintenant et me rejoindront en Belgique cet automne.
Et enfin, petit détail mais qui a son importance dans la vie quotidienne : les insectes. Il y a les moustiques, qui transmettent la dengue par exemple, les tiques, et surtout les fourmis. Pas question de remettre la vaisselle au lendemain, la cuisine serait infestée de petites bêtes …
Il y a-t-il eu des difficultés d’adaptation dans ta nouvelle vie ?
Ma famille m’a souvent beaucoup manqué. Ne pas pouvoir juste partager un repas avec mes parents, ou boire un verre avec mes frères et ma sœur. Parfois, je me sentais fort seule. Sinon, pas vraiment de difficultés… J’ai dû m’habituer au transport en commun un peu différent, à manger du riz tous les jours, à saluer les Thaïlandais en faisant le « wai »… J’aime beaucoup la culture thaïlandaise, ça n’a donc pas été très difficile de m’y adapter.
Alors, tu as préféré vivre en Thaïlande ou en Belgique ?
J’ai longtemps réfléchi à cette question ! En Belgique, il y a ma famille et mes amis. Je resterai toujours attachée à mon pays, même la pluie et la grisaille me manquaient à certains moments. Mais la Thaïlande, c’était une expérience magique.
Maintenant, je me rends compte qu’il est impossible de faire un choix. Il n’y a pas un pays meilleur que l’autre, ils ont chacun leurs différences, et c’est ce qui les rend chers à mes yeux. Je me suis donc résolue à faire de nombreux allers-retours jusqu’à la « fin » 😉
Comment est le marché du travail là-bas ?
Pour le moment, pas terrible à cause de la situation politique (l’armée a pris le pouvoir). Mais avec un diplôme, il y a toujours moyen de trouver. Surtout pour les enseignants… Il est par contre difficile d’exercer certains métiers (infirmières par exemple). La Thaïlande n’autorise un étranger à travailler que s’il ne peut pas être remplacé par un Thaïlandais. Leur taux de chômage est très bas.
Et le coût de la vie en Thaïlande est-il vraiment élevé ?
Je payais entre 5 000 et 10 000 baht/mois pour le logement (entre 125 et 250 euros). Environ 35 euros pour l’eau et l’électricité. La nourriture, environ 150 baht si on n’est pas difficile. J’étais quand même souvent à 250 baht, soit environ 6-7 euros, en mangeant bien. Par contre, les voitures coûtent plus chers que chez nous, ainsi que l’abonnement de téléphone et d’internet… Je payais 25 euros là-bas, seulement 15 ici.
J’étais quand même souvent à 250 baht, soit environ 6-7 euros, en mangeant bien.
Bangkok est un peu à part, les logements y sont un peu plus chers mais il y est plus facile d’avoir un bon abonnement internet et téléphone pour pas trop cher.
Concrètement, combien faut-il gagner pour avoir un bon confort de vie en Thaïlande?
Un bon confort ? Je dirais 40 000 baht (1 000 euros). 60 000 pour être vraiment très bien. Les Thaïlandais gagnent en moyenne 10 000, ils s’en sortent mais sont souvent endettés. A deux, on dépensait environ 30 000 baht/mois.
Les températures ne sont pas trop extrêmes en été/hiver ?
Il fait très chaud en avril-mai, il pleut de juin à octobre, et la meilleure saison est de novembre à mars. Il fait donc chaud toute l’année.
Et les locaux, qu’en penses-tu ?
Les Thaïlandais sont très chaleureux. Il est par contre important de bien connaître leurs coutumes (ne surtout pas toucher la tête de quelqu’un par exemple). Ils aiment beaucoup rire aussi, et ils ont un humour très différent du nôtre. Ils ne comprennent pas vraiment le sarcasme par exemple, mais ils rigolent un peu comme des enfants pour d’autres choses… ce qui a son charme ! Je me suis toujours sentie bien accueillie.
Je me suis toujours sentie bien accueillie.
Dans le village de mon compagnon, les gens étaient d’abord très curieux. Certaines grand-mères (les plus âgées) touchaient ma peau et mes cheveux. Mais la plupart se sont habitués à me voir.
Normalement, les femmes dans les villages ne restent pas si souvent avec les hommes. Je trouve que la répartition des tâches (ménage, cuisine, travail à la ferme) est assez égale, mais pendant leur temps libre les femmes papotent et les hommes boivent. Pour ma part, je restais beaucoup avec les hommes car, ne comprenant pas leur langue locale (le « souay »), je préférais rester avec mon compagnon. Ç’a un peu surpris les villageois, mais ils ont eu l’air de trouver la situation plus comique que dérangeante.
Quand conseilles-tu de s’y rendre pour un séjour ?
A la haute saison, entre novembre et mars ! Ceci dit, le Nouvel An bouddhiste (« Songkran ») qui a lieu en avril, est vraiment très amusant. C’est une véritable bataille d’eau dans tout le pays, qui dure 4 jours. Et la saison des pluies vaut aussi la peine si vous partez minimum 3 semaines (pour être sûr d’avoir du beau temps) : c’est la basse saison et les hôtels sont parfois 50% moins chers.
Un dernier mot, un dernier conseil ?
En vivant à l’étranger, à des milliers de kilomètres de chez soi, on apprend à se connaître. La Thaïlande m’a énormément apporté, et j’y retournerai en vacances et, qui sait, peut-être pour m’y réinstaller dans quelques années…
En vivant à l’étranger, à des milliers de km de chez soi, on apprend à se connaître.
Maintenant, je rentre en Belgique le cœur léger, avec des souvenirs plein la tête… Mais surtout des envies de découverte, autant dans mon pays que dans les autres ! Le voyage, ce n’est pas seulement aller le plus loin possible, c’est aussi aller à la rencontre de l’autre, où que l’on soit ! Il nous attend à chaque tournant 🙂