Tessa est fascinée par la Chine depuis qu’elle est toute petite, elle a décidé de profiter de ses études pour franchir le pas et aller passer 4 mois à Chengdu, une ville au centre du pays. Elle nous parle de son expérience dans cette nouvelle interview :
Bonjour, peux-tu te présenter ?
Ni hao ! Moi c’est Tessa, je viens de Besançon, charmante ville de la région Franche-Comté. Après une licence d’anglais j’ai bifurqué vers un master axé affaires internationales en école de commerce. Ledit master proposait 4 mois d’immersion totale en Chine de l’Ouest. J’ai foncé.
Pourquoi es-tu partie en Chine ?
Gamine, j’ai commencé à rêver de la Chine suite au visionnage du film Tigre et Dragon d’Ang Lee. Tout était réuni pour susciter mon intérêt. À savoir, des combattants hors normes, de l’aventure, des paysages époustouflants et des musiques sublimes. Par la suite, alors que je furetais tranquillement dans un placard, je suis tombé sur un livre d’initiation au Chinois. J’ai fait alors la connaissance d’une langue bien exotique. À mes 18 ans, j’ai commencé à pratiquer le Kung-fu et à m’atteler à l’apprentissage du mandarin. J’ai ensuite doucement, mais sûrement commencer à penser que mon rêve de partir en Chine pouvait devenir un objectif concret de l’ordre du réalisable.
Et pourquoi as-tu choisi Chengdu ?
Je ne l’ai pas choisi. La ville de Chengdu dans la province du Sichuan était un choix imposé par mon école de commerce. Il s’est avéré être excellent.
Est-ce qu’il y avait des préparatifs particuliers à faire ?
Les préparatifs majeurs ont concerné l’obtention du visa. La préparation du dossier n’est pas compliquée en soi, mais il faut être minutieux et patient. J’ai décidé de me rendre moi-même à deux reprises au consulat de Chine de Strasbourg dans la ville avoisinante. La première fois pour y déposer mon dossier, la seconde pour récupérer mon visa. Il est possible de ne pas se déplacer et de recourir aux services d’une agence, mais les frais ne sont pas négligeables. À chacun de déterminer le plus avantageux selon les coûts afférents à chaque solution.
Un second point concerne la santé. Avant de partir, j’ai fait un vaccin contre l’hépatite B. Le vaccin n’est pas obligatoire. À chacun de choisir en fonction de son rapport au risque.
As-tu vécu un choc culturel important ?
Avant de partir, je ne m’étais pas renseigné plus que cela sur ce qu’est réellement la vie à la Chinoise. J’avais alors surtout en tête les bribes de ma fascination mystique et la liste complète des paysages spectaculaires à visiter.
Le choc culturel fut grand, mais il ne m’a en aucun cas affecté de manière négative. Bien au contraire.
Bon nombre de situations ont déridé plus d’une fois mes zygomatiques. Des situations qui paraîtraient étranges voir grotesques en France sont monnaies courantes en Chine. Pour citer un exemple parmi tant d’autres, le fait qu’il est normal de voir certaines personnes faire leurs courses en pyjama. Ou encore les raclements de gorge faramineux que l’on entend à tout va. Mais petit à petit, ce genre de situation est intégrée dans notre échelle de « normalité ».
En ce qui concerne des sujets plus sérieux, ils poussent à une profonde réflexion. Un exercice que l’on peut effectuer dans n’importe quel pays. Mais un exercice nécessaire à mes yeux. Comprendre un tant soit peu ce qui nous entoure est une base essentielle à toute évolution personnelle. On se pose des questions, on ajuste ses croyances ou ses partis pris.
En bref, j’apprécie ce choc culturel en majeure partie.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ta nouvelle vie ?
La liste est longue, mais ce que j’apprécie le plus se résume à :
- Le fait de progresser chaque jour en Chinois
- Apprécier la vraie nourriture chinoise (les nems ne sont pas chinois)
- La douceur de vivre de Chengdu, classée première dans la liste des villes les plus heureuses de Chine.
- Pouvoir explorer le reste de la Chine sans trop de difficultés
- Être plus proche de tous les autres pays asiatiques
À l’inverse, qu’est-ce que tu n’apprécies pas trop ?
Le bémol majeur : la pollution. Les poumons en prennent pour leur grade. Un purificateur d’air et des masques permettent toutefois d’être un peu moins exposé aux particules fines.
Autre bémol, mais moindre : le prix du comté, le fromage de ma région et l’absence de mont d’or. Je fais face à cette légère souffrance interne avec courage.
Il y a-t-il eu des difficultés d’adaptation dans ta nouvelle vie ?
Je n’en ai aucune à citer.
Tu as longuement habité en France… Alors, tu préfères vivre à Chengdu ou notre cher pays ?
Au cours d’une vie, les envies évoluent. Vivre à Chengdu est encore relativement nouveau pour moi. En ce moment précis, je préfère être en Chine. Je sais que je reviendrai vivre au sein de notre chère France parce que, de mon point de vue, il fait bon d’y vivre. Ce dont j’ignore, c’est à quel moment et pour combien de temps.
Comment est le marché du travail là-bas ?
Tout dépend de votre profession. Si vous souhaitez enseigner l’anglais, vous trouverez un emploi facilement. Si vous êtes ce que la Chine qualifie de « talent », soit un spécialiste en technologie, en science, en stratégies commerciales ou en tout autre domaine en plein essor, vous serez également accueilli à bras ouverts.
Si, en revanche, vous n’avez pas de diplôme ni de spécialité particulière, vous aurez plus de difficultés à trouver un emploi et surtout à obtenir le fameux visa Z pour travailler en toute légalité.
Et le coût de la vie à Chengdu, est-il très important ?
Absolument pas. La nourriture, les transports et bon nombre de services ne sont pas coûteux. Il est possible de vivre avec un minimum de 500 euros par mois et de manger à sa faim, à condition de cuisiner soit même.
Concrètement, combien faut-il gagner pour avoir un bon confort de vie à Chengdu ?
Pour un bon confort de vie, je recommande un salaire d’au minimum 800 euros. Avec cette somme, vous vivrez certainement en collocation et ne mettrez pas d’argent de côté. En revanche, vous ne vous priverez pas pour toute autre dépense. À savoir, sortir boire un verre, manger quotidiennement au restaurant, manger occidental de temps en temps, prendre le taxi quand ça vous chante, pratiquer des activités … etc.
Pour le top confort avec possibilité de mettre de l’argent de côté, je recommande un minimum de 1400 euros par mois.
Au-delà, vous êtes un pacha 🙂
Les températures ne sont pas trop extrêmes en été/hiver ?
Un hiver à Chengdu dure deux mois, de la mi-décembre à la mi-février. Les températures sont un poil plus hautes que dans l’est de la France. À savoir, entre 0 et 7 degrés.
En revanche, l’été est nettement plus extrême. Les températures oscillent entre 30 et 40 degrés. Je m’y habitue bien, mais ce genre de climat requiert des douches fréquentes.
Et les Chengdunnais, qu’en penses-tu ?
Premièrement, ils sont chaleureux. Si vous êtes amenés à rencontrer un problème, vous trouverez toujours une âme dévouée pour vous aider sans contrepartie.
Deuxièmement, leur calme à toute épreuve est impressionnant. C’est très certainement l’origine majeure de l’atmosphère détendue que l’on trouve à Chengdu. Le stress et les tensions sont absents des comportements. Du moins, c’est ce que je perçois en surface.
Enfin, ils aiment se bidonner en famille ou entre amis autour de bons plats. Avoir l’occasion de manger et d’échanger avec eux est une expérience à ne pas louper.
Penses-tu rester longtemps en Chine ?
Prévoir le futur n’est pas ma spécialité. J’habite à Chengdu depuis plus d’une année et je ne m’en lasse toujours pas. En revanche, je sais que la pollution majeure de la ville et l’envie de découvrir d’autres endroits me pousseront à changer d’air pour un temps.
Avant de quitter la Chine, je pense toutefois à aller vivre dans une autre ville, sur la côte Est. Cela me permettrait d’apprécier deux ambiances de vie dans un si vaste pays.
Un dernier mot, un dernier conseil ?
Si vous souhaitez venir visiter la Chine, venez sans a priori et surtout avec une très grande ouverture d’esprit. Bien qu’elle ne soit pas parfaite, la Chine et les Chinois souffrent d’une image qui ne leur est pas favorable et qui n’est pas des plus juste.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur les coins sympas à visiter en Chine, sur la vie de ses habitants ou encore sur d’autres sujets pratiques, j’ai justement créé un blog à cet effet. J’ai à souhait de partager des informations qui, je le pense, collent au plus juste avec la réalité : aeropicus.com
Merci à Tessa pour son témoignage, n’hésitez pas à lui poser toutes les questions que vous avez sur la Chine en commentaire 🙂