Je m’appelle Yannis, j’ai 21 ans et suis actuellement étudiant en école d’ingénieur génie nucléaire. Nous sommes partis avec mon demi-frère Thomas et un ami à moi Martin, faire un road trip, en Islande, durant la deuxième partie du mois de Septembre 2017. Cette période était vraiment adaptée à notre voyage : les touristes étaient moins présents, le climat agréable (15°C en moyenne), c’est aussi à ce moment qu’apparaissent les premières aurores boréales.
L’objectif de cet article est de mettre en avant comment, par la préparation, nous avons pu nous permettre d’aller dans des destinations réputées onéreuses telles que l’Islande (mais aussi les Dolomites récemment) avec un budget d’étudiant.
Préparer son road trip
Cette façon de préparer peut paraître factuelle, mais vise simplement à donner un fil directeur, pour anticiper certains éléments clés qui permettront d’économiser de l’argent.
1) Préparation long terme : Trouver quoi visiter
Cette phase est celle la plus en amont. Elle consiste à venir répertorier tous les lieux que l’on peut voir en se baladant sur Instagram (Bruno Maltor propose d’ailleurs de très bons spots), Flickr, ou équivalents, mais aussi en écoutant les personnes que l’on connait parler d’un voyage. Le principe est de se créer, petit à petit, une base de données que l’on viendra consulter lorsque l’on prépare un voyage.
Il est par exemple possible de répertorier les lieux de la manière suivante : chaque monument, place, bâtiment, lieu disponible sur google possède un petit onglet « enregistrer ». Il est possible de se créer des listes d’adresses pour classer les choses que l’on a enregistré, liées à notre compte google et consultables dans la section « vos adresses » du menu de google map. Vous pouvez également cacher ou afficher ces listes sur google map en temps réel et ainsi voir ce que vous avez pu répertorier autour de vous. Il doit y avoir la possibilité de tout synchroniser avec MyMaps, outil que j’aborderai par la suite (je n’ai jamais essayé).
2) Préparation court terme : Trouver quoi visiter, louer une voiture, réserver le(s) logement(s) et le vol
A) Trouver quoi visiter
Afin de pouvoir prévoir les dates d’arrivée et de départ et d’ainsi pouvoir réserver voiture et logements, il faut avoir une idée plus précise des choses que l’on souhaite visiter. L’outil principal qui sera abordé dans cette partie est un service proposé par Google : Google MyMaps (et non pas Google Maps). Cet espace vous permettra de créer une carte en ajoutant des calques (cela peut être des points comme des zones ou encore des trajets). Les deux atouts principaux de cet outil sont les suivants :
- Le premier est que les données utilisées sont celles de Google Maps, elles sont par conséquent relativement précises et vous ne serez pas déboussolé si vous avez l’habitude d’utiliser ce service.
- Le second est que vous pouvez sauvegarder et partager la carte réalisée avec les autres participants du voyage.
Ainsi, après avoir ajouté ce que vous aviez inséré dans votre liste, il faudra alimenter votre carte en ajoutant des lieux que l’on peut trouver en lisant des forums, blogs, vidéos ou autre. Vous trouverez ci-dessous un exemple de carte MyMaps : celle de notre voyage en Islande.
Il est important d’avoir une idée claire des choses que l’on souhaite visiter afin de prévoir et organiser le voyage autour de certains éléments. Prenons un exemple auquel nous avons été confrontés : Landmannalaugar. C’est une zone incontournable. Il y a toutefois une chose à savoir, elle n’est accessible qu’en 4×4 ou à pied (pour les personnes amatrices de treks). La météo peut vous empêcher d’aller dans cette zone à certaines périodes de l’année : quelques gués à traverser, route potentiellement boueuse, etc. Nous avions lu à plusieurs endroits que des F-Road (je reviens sur ce terme par la suite) permettant d’accéder à Landmannalaugar fermaient dès Octobre. Il a donc fallu intégrer cette information pour pouvoir profiter pleinement de cette zone.
Il existe d’autres astuces pour trouver des endroits à visiter. Voici celles que j’utilise le plus :
- Un service proposé par Google, les « à voir et à faire » de Google Travel.
- La street view de Google Maps, très utile quand on veut sortir des sentiers battus et trouver des choses atypiques ou moins convoitées (par exemple : Gjain, un autre incontournable sur lequel je reviendrai par la suite).
- Pour l’avoir eu en notre possession : le Lonely Planet de l’Islande est vraiment excellent et très complet. En plus de donner beaucoup de lieux, il donne plusieurs anecdotes et bons plans, je recommande.
- Comme mentionné précédemment, consulter le plus de blogs / vidéos possible sur la destination en question.
Il ne faut pas hésiter à mettre plus de lieux que ce qui est réalisable, quitte à devoir en prioriser certains par rapport à d’autres, cela permet d’avoir des plans de secours ou bien de pouvoir occuper un temps libre. Vous vous apercevrez rapidement que certains temps de trajet sont surestimés par Google maps (ou autre forme de GPS), vous faisant parfois gagner beaucoup de temps.
B) Réserver un vol
Une fois la vision de ce que vous souhaitez faire un peu plus claire, il est temps de réserver le vol. Cela permettra de figer les dates d’arrivée et de retour, pour organiser le reste autour de ces dernières. Je ne vais pas m’attarder plus sur ce point, personnellement, j’utilise Google Flight comme comparateur, il y a une option très pratique dessus : une fois la durée du trajet et les dates d’aller-retour sélectionnées, il est possible de voir un graphique des prix qui montre la variation des prix si on partait quelques jours plus tôt ou plus tard.
C) Réserver les logements
Chacun pourra se faire sa propre vision d’un road trip, là où certains verront un voyage pendant lequel ils prennent leur tente et font du stop, d’autres verront un voyage en bus allant d’hôtel en hôtel. Notre vision en est encore différente.
Nous voulions, durant ce voyage découvrir le plus possible l’Islande sur une période assez restreinte. On a ainsi opté pour un voyage où nous allions de AirBnb en AirBnb avec des journées comprenant en moyenne 3h de route.
- Airbnb: Les sites pour la location d’appartement de particuliers à particuliers.
- Hotels.com: Pour les hôtels, vous pouvez y consulter notamment toutes les promotions en cours dans chaque villes.
- Hostelworld.com: C’est le site à consulter pour trouver une auberge de jeunesse.
Notre itinéraire se dessinait petit à petit sur la carte MyMaps, il était important pour nous de bien dormir, les journées que nous réalisions étaient assez chargées et nous voulions pouvoir profiter pleinement de ce voyage sans être exténué par la route ou les randonnées. Nous avons donc choisi des logements en fonction des critères suivants :
- Proximité avec une ville possédant une supérette ou équivalent. En Islande, ce n’est pas aussi fréquent qu’on pourrait le penser.
- Proximité avec une pompe à essence.
- Logement atypique : en s’y prenant à l’avance, quasi tous les logements sont encore disponibles et vous pouvez donc vous permettre de chercher des logements atypiques, à des tarifs plus qu’abordables (par exemple, un logement possédant un jacuzzi, avec vue sur la mer et la fameuse montagne Kirkjufell, que certains connaissent peut-être de la série Game of Thrones, ou encore un cottage perdu en plein milieu de la plaine).
- Le prix. Forcément, cela paraît évident, mais il faut savoir garder les pieds sur terre. Pour ce genre de voyage il est facile de se faire avoir, on change beaucoup de logement, on se dit que 10 euros de plus sur une nuit ce n’est pas grand-chose mais cela peut vite faire monter le prix de votre voyage. Pour pallier ce problème nous nous étions fixé un budget global de 500 euros / personne pour les onze nuits. Les fois où l’on se permettait de dépasser un peu pour s’offrir un logement atypique et unique, on rattrapait le coup en prenant un logement moins cher pour l’arrêt d’après.
- L’hôte, ça peut paraître étrange comme critère, mais il faut savoir que de plus en plus de personnes non islandaises, achètent un logement en Islande, pour le louer à des touristes. Nous voulions à tout prix rencontrer des islandais et avoir l’occasion de parler avec eux. Leur mentalité est si différente de la nôtre que nous ne voulions pas passer à côté de ces rencontres. Ce sont des personnes vraiment généreuses, gentilles et bienveillantes, nous avons eu l’occasion de parler avec plusieurs hôtes, c’était une expérience enrichissante.
D) Louer une voiture
Une fois les étapes précédentes réalisées, vous devriez avoir une vision plus claire du nombre de kilomètres à réaliser. C’est un critère important pour la réservation d’une voiture : le tarif pour un kilométrage illimité n’est pas le même que pour un kilométrage limité.
Globalement, deux choix s’offrent à vous :
- Un road trip en voiture en suivant l’unique route qui fait le tour de l’île.
- Un road trip en louant un 4×4 pour sortir de cette route empruntée par la majorité des personnes.
Je vous recommande très fortement la seconde solution. L’Islande est réputée pour ses paysages magnifiques, mais aussi pour leur diversité. Ne soyez donc pas surpris si, en une vingtaine de kilomètres, vous passez d’une plaine verdoyante à un paysage lunaire avoisinant l’apocalyptique. Pour pouvoir profiter de ces paysages il faut que vous puissiez occasionnellement emprunter des F-Road. Les F-Road sont des routes fortement déconseillées voire interdites aux voitures autres que des 4×4, il n’est pas impossible de croiser quelques gués, les routes sont en réalité des chemins plus ou moins caillouteux. Il existe d’ailleurs un site répertoriant toutes les routes islandaises avec, en temps réel, l’état de la route : http://www.road.is
Nous sommes passés par Blue Car Rental et en avons pensé que du positif : agence de location rapide et très professionnelle, c’était le meilleur rapport qualité prix à l’époque où nous sommes partis. On a opté pour un Duster et avons été upgrade pour un Qashqai (s’y prendre à l’avance, vous permet parfois d’avoir ce genre de surprises).
Nous avons eu une crevaison due à un mauvais parallélisme (lui-même généré par une crevaison qui avait été mal réparée par les précédents utilisateurs), ce n’était donc pas de notre faute. Il nous a suffi d’aller chez un garagiste et la faire réparer (je vous recommande d’ailleurs Dekkjahöllin, si vous avez la malchance de devoir faire appel à un garagiste). Nous n’avons eu aucun frais à avancer, l’agence a tout pris en charge et a directement réglé ça avec le garagiste.
Il y a une dernière chose qu’il faut anticiper vis-à-vis des voitures, ce sont les pompes à essence. Je ne suis pas en train de dire qu’il n’y a que trois pompes à essence pour toute l’île, il y en a suffisamment. Là où je veux en venir c’est que ces pompes sont généralement proches de la route nationale qui fait le tour de l’île. Il est facile de s’aventurer et de s’éloigner de cette route et perdre de vue les pompes. Nous avions anticipé en rajoutant sur notre carte toutes les pompes à essence.
3) Argent
Le but de cette dernière partie autour de la préparation d’un voyage, est de parler de l’argent. Il est indispensable de se préparer financièrement pour un voyage (encore plus quand la monnaie locale n’est pas l’euro). Dans notre cas, en Islande, la monnaie locale est la couronne islandaise (ISK). Pour faire simple 1 euro est environ égal à 135 ISK.
Il faut donc regarder si votre banque vous permet de retirer ou dépenser de l’argent dans le pays en question, sans avoir de frais supplémentaires. Personnellement je ne passe plus par cette solution. Pour tous les voyages que je peux faire, j’utilise une carte Revolut (ou équivalents, tel que N26). C’est une carte (MasterCard) qui, quel que soit le pays ne rajoute pas de frais supplémentaires à vos dépenses.
Là où c’est pratique, c’est que la gestion du budget est clairement simplifiée, on peut mettre X euros sur le compte, tout voir depuis l’application mobile. Quand on fait un achat, on reçoit une notification dans les secondes qui suivent avec le montant en euros, mais aussi en ISK (basé sur le cours actuel de la monnaie locale). Des bilans mensuels par pays sont disponibles, on peut consulter toutes les dépenses qu’on a eu, les lieux dans lesquels ont été effectuées ces dernières sont directement répertoriés par l’application.
Autre outil très pratique pour partager et se répartir les frais : Lydia. C’est un service permettant d’effectuer des virements instantanément grâce aux numéros de téléphone : on lie son RIB ou sa carte bancaire (on peut même lier la carte Revolut) à son compte Lydia, puis on peut effectuer des virements rapidement aux personnes avec qui on part. On peut très bien faire différemment en passant directement par les RIB des comptes mais il faut s’y prendre à l’avance et prévenir les banques. Certaines banques imposent un délai lors de l’ajout d’un RIB avant de pouvoir effectuer tout virement, d’autres un délai pour effectuer le virement lorsqu’il est demandé depuis l’étranger.
Et enfin dernier outil, qui est selon moi indispensable pour tout voyage avec des frais à partager : Tricount. Cet outil permet d’ajouter des dépenses, de gérer qui paye, en proposant des solutions pour se rembourser intelligemment (minimiser les virements entre les participants). Il vous suffit d’ajouter qui participe et d’ajouter chaque dépense en définissant qui paye et pour qui.
4) Retour d’expérience
Nous allons à présent aborder le retour d’expérience de ce voyage. Ce dernier est centré sur les lieux que nous avons pu visiter.
A) Le trajet effectué
Nôtre but était de pouvoir faire un tour quasi-total de l’île. Nous avons privilégié la côte Ouest à la côte Est, que nous n’avons pas eu le temps de faire.
B) Les 4 incontournables de notre voyage
Krafla et ses alentours
Le premier lieu que je recommande est Krafla et ses environs (que j’ai appelé Terres de soufre sur la map en lien ci-dessus). Ce lieu mélange d’anciennes coulées de lave, des petites étendues d’eau quasi blanche, des terres jaunes, blanches, oranges, rouges et même grises, ou bleues par endroits. Ces paysages atypiques valent vraiment le détour.
Landmannalaugar
Pour faire suite aux paysages originaux, Landmannalaugar est une destination réputée pour ses couleurs et ses reliefs. Cette zone est, comme je le disais plus haut, accessible uniquement en 4×4 (ou à pied pour les personnes amatrices de treks sur plusieurs jours), cela vous fait donc une raison de plus de privilégier un 4×4 à une simple voiture de location. Il y a des randonnées assez simples permettant de faire des tours de 2 à 3h de marche. Vous trouverez ci-dessous un exemple de randonnée : www.komoot.com
Le lien redirige vers Komoot, une application que je recommande fortement, permettant de planifier et sauvegarder des randonnées (ou autres types d’itinéraires). Il n’est pas nécessaire de posséder une montre Garmin pour utiliser le site web ou l’application. J’ai toujours utilisé la version gratuite (et sans pub d’ailleurs) sans avoir eu la sensation d’être limité : navigation en temps réel disponible, adaptation de Komoot selon les activités réalisées (VTT, course à pied, randonnée, etc.), profil de la randonnée disponible, estimation de la difficulté selon différents paramètres tels que le dénivelé, les types de sentiers empruntés, possibilité de sauvegarder autant de parcours que souhaité mais aussi de les partager, etc…
Les hotpots
Troisième chose que je recommande, faire le plus possible de hotpot (ou source d’eau chaude naturelle). L’Islande fait partie des recoins du monde où se trouvent énormément de sources d’eau chaude naturelles, toutes différentes les unes des autres.
Il existe plusieurs sites web répertoriant ces derniers, voici celui que nous avons utilisé : hotpoticeland.com
Cela fait une pause sur votre chemin et cela vous permet parfois de faire de belles rencontres. Nous avons eu l’occasion de siroter une bière avec un groupe de personnes composé de canadiens, suisse-allemands et norvégiens, à Reykjafoss, une expérience agréable et enrichissante.
Gjain
En reparlant avec Martin de ce voyage, nous étions totalement d’accord pour dire que cela fait partie de nos meilleurs souvenirs. Gjain est un incontournable de l’Islande, difficilement accessible en voiture, c’est un petit parc naturel, au milieu de paysages désertiques. Après quelques kilomètres à travers des paysages lunaires, nous sommes arrivés à cette destination. Ce que nous avons adoré était la sensation d’avoir un parc à nous tout seul. Le lieu est magnifique et absolument pas touristique. Le contraste entre le parking où l’on se gare et Gjain, une trentaine de mètres plus bas, est impressionnant : rivières, grottes, lacs, cascades, espaces verts, etc. Le sommet au centre du parc nous avait réservé un coucher de soleil mémorable. En bref, ne loupez surtout pas ce parc, essayez même d’en profiter en fin d’après-midi, cela vous promet un coucher de soleil que vous n’êtes pas prêt d’oublier.
C) Le sud, une « déception »
Le sud de l’Islande est une belle région, on y trouve les plages de sable noir, les fameuses ruines de l’avion de Solheimasandur, de très belles cascades, le cercle d’or, mais aussi…énormément de touristes, même hors saison. Cela a gâché en partie notre expérience. Cette zone est extrêmement convoitée : elle se situe à moins d’une heure de route de la capitale Reykjavik, ne nécessite pas de 4×4, est même très bien desservie par les bus et pour finir, c’est la zone la plus exposée sur les forums en tout genre.
C’est une « déception » car nous ne nous attendions pas à voir autant de monde dans des zones naturelles, aménagées pour le tourisme : nous revenions du nord de l’Islande, le contraste était important. Nous n’avons accordé que deux jours à cette zone et c’était, avec le recul, une bonne décision. Il faut faire cette zone, mais il ne faut pas se limiter à cette dernière, ne pas se cantonner à la vision réductrice que peuvent renvoyer certains forums en ne parlant que de Geysir, Thingvellir, Skogafoss, Seljalandsfoss etc.
5) Conclusion
Pour conclure, je dirais qu’un voyage se prépare longtemps à l’avance si on prend en compte chacune des phases abordées. C’est une façon de faire, pour un type de voyage donné, il en existe beaucoup d’autres. J’ai essayé de vous présenter certaines astuces et adresses que nous avons pu utiliser pour notre voyage en Islande. Cette façon de procéder nous permet à chaque voyage d’économiser beaucoup, il faut chercher à anticiper autant que faire se peut.
L’Islande est un coin du monde à faire, la diversité des paysages que vous pourrez rencontrer est impressionnante. Je ne mentionne que nos quatre incontournables, basés sur notre voyage, mais nous avons fait énormément de lieux et il en reste encore plein d’autres à faire. J’y retournerai au moins une fois c’est certain, les fjords du Nord-Ouest m’attirent, la côte Est également.
J’espère que cet article vous aura apporté des éléments que vous ne connaissiez pas forcément. Je vous souhaite une bonne continuation et de bons voyages.
Yannis.