Nous avons récemment reçu un message touchant d’une personne handicapée qui souhaite voyager un peu partout dans le monde. Touchés par son histoire ainsi que sa passion pour le voyage qui l’habite, nous lui consacrons aujourd’hui une interview ! Découvrons ensemble Raphaël.
Voyager en étant handicapé, c’est possible !
Je m’appelle Raphaël, j’ai 27 ans et suis handicapé moteur (en fauteuil électrique). Je suis très positif, joyeux, j’adore découvrir de l’autre et évidemment voyager ! Après avoir obtenu un diplôme de Gestion des Entreprises et des Administrations, j’ai décidé de voyager par moi-même car l’université ne voulait pas m’aider pour partir en Erasmus. Depuis, au lieu d’être gestionnaire, je me considère comme aventurier !
J’ai commencé par voyager en Europe de l’Ouest, environ une semaine par pays puis j’ai commencé à prendre goût aux voyages alors j’ai franchi un palier pour partir vivre 6 mois en Afrique du Sud au Cap, 5 mois au Pérou à Lima et 6 mois en Thaïlande à Bangkok.
Par n’importe quel moyen de transport : location de minibus, camion, train, avion, etc. Financièrement parlant, je bénéficie de l’Allocation Adulte Handicapé et la région dans laquelle je vis me donne des subventions chaque mois pour que je puisse employer un auxiliaire de vie qui m’aide dans ma vie quotidienne. Nous économisons donc avant de partir.
Ça dépend. Il ne faut pas voir le fauteuil comme une diminution de l’autonomie mais, comme un moyen de transport comme un autre … Par exemple, quand j’ai fait l’un de mes tours d’Europe avec un ami, nous avions décidé de nous déplacer en fauteuil pour des raisons de commodités. Ainsi, j’étais dans mon fauteuil électrique et mon ami, même s’il était valide, s’est mis dans mon fauteuil manuel et je l’ai tiré avec une corde. De cette manière, nous sommes allés à Amsterdam, Cologne et Vienne ! (en prenant le train entre ces villes évidemment mais tous les autres déplacements se faisaient en fauteuil !).
Il ne faut pas voir le fauteuil comme une diminution de l’autonomie mais comme un moyen de transport comme un autre
Mais dans la majorité des cas, il faut dire que c’est plus compliqué de voyager en fauteuil que si l’on est valide.. Je dois tout prévoir, tout anticiper de A à Z : avions, taxis accessibles, hôtels (également accessibles). J’ai l’habitude maintenant… Mais même si tout est prévu, rien ne garantit le bon déroulement du voyage.. cependant, d’une certaine manière, cela en faut aussi son charme ! pas plus tard que la semaine dernière, j’étais à Londres et une de mes roues avant s’est cassée.. J’étais dans une rue très fréquentée puisque j’étais dans un marché. 3 ou 4 personnes sont venues vers moi spontanément et m’ont aidé, non pas à la réparer, car c’était impossible, mais à l’enlever proprement pour que je puisse rouler sur 3 roues. Résultat : j’étais fier de me rendre compte que j’étais capable de rentrer de Londres jusqu’à chez moi (Tours) sur 3 roues et j’ai gardé contact avec ces personnes qui m’ont aidé généreusement ! C’est quand on est dans la mouise que l’on fait de bonnes rencontres ! Ceci est un exemple parmi tant d’autre mais avec mon expérience, je sais qu’à chaque problème existe une solution !
3 ou 4 personnes sont venues vers moi spontanément et m’ont aidé
Je ne dirais pas que mes voyages sont touristiques dans le sens où mon but premier n’est pas de visiter les monuments connus ou tomber dans un «attrape touriste». Ce que j’aime, c’est découvrir une nouvelle culture, de nouvelles traditions, us et coutumes, d’autres manières de se comporter et d’échanger nos façons de penser. Je vais donc dans des lieux d’échanges comme des parcs, des concerts ou des bars. Cela mène à voir le monde d’une autre manière et à une ouverture d’esprit.
C’est en partie pour cette raison que je voyage : car chaque pays a un regard différent sur le handicap. En France, en général, les personnes sont froides, distantes et ont peur parfois. Il arrive même que des gens fassent semblant de ne pas me voir et de m’esquiver quand je leur demande l’heure ! Alors que lorsque je suis allé en Afrique du Sud, au Pérou ou en Thaïlande, les personnes étaient plus souriantes, bienveillantes, solidaires, chaleureuses avec moi ! Ils me donnaient 10 fois plus d’ondes positives qu’ici !
Tout d’abord, pour toutes les raisons que je viens d’évoquer, mais aussi pour me prouver que je peux être indépendant dans n’importe quelle situation. J’ai également un tempérament aventurier. Je vis donc mon handicap comme un challenge qui me pousse à me surpasser. Enfin, je veux aussi prouver aux autres, aux valides et aux personnes handicapées que si je peux m’intégrer dans un pays nouveau, alors eux aussi peuvent le faire ! Je veux faire sortir les handicapés de leur cocon, de leur centre et les faire bouger pour qu’ils apprécient la vie à sa juste valeur ! Voilà pourquoi j’aimerais écrire un livre sur le long terme sur mes voyages et faire un blog pour qu’on me suive .. En effet j’ai des milliers de photos et j’ai écrit des centaines de pages de récits sur mes aventures plus folles les unes que les autres qui n’attendent qu’à être partagées !
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